Vers une stratégie de santé globale ?

Une tendance forte qui peine à tracer sa route faute d'ambition politique suffisante


Le concept de « Une seule santé » ou One Health, visant à équilibrer la santé humaine, animale et environnementale, peine à se concrétiser en politique publique. Il appartient aux organisations professionnelles de travailler ensemble pour sortir d’une approche en silo, en créant une alliance chargée d’élaborer des solutions novatrices.


Initié en 2004 lors d’un colloque, « One World One Health », organisé par la Wildlife Conservation Society et l’université Rockefeller, le concept a connu des périodes d’indifférence avant de ressurgir avec la pandémie de Covid-19. Des propositions politiques en faveur de « Une seule santé » ont été avancées, notamment par l’ex-député Renaissance et vétérinaire Loïc Dombreval – désormais inspecteur de l’environnement et du développement durable – qui, en 2020, a déposé une proposition de résolution « invitant le gouvernement à agir en faveur d’une plus forte coopération internationale pour la mise en œuvre du concept décloisonné et transdisciplinaire d’Une seule santé“.

Malgré son importance, la complexité du principe et les luttes d’influence entravent la mise en œuvre de ce concept, comme illustré par la récente feuille de route sur l’antibiorésistance. Des experts estiment que cette approche pourrait prévenir les pandémies en traitant de manière intégrée la santé des humains, des animaux et de l’environnement. En effet, quelque 1,7 million de virus non découverts seraient présents dans les organismes des mammifères et des oiseaux, dont 827 000 en capacité d’infecter les humains. Ces chiffres ont été publiés en octobre 2020 par la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes, le « Giec de la biodiversité »).

Le quatrième plan national santé-environnement adopte cette approche, mais son application concrète reste limitée. Un manque de vision globale au sein de l’administration centrale et les luttes de pouvoir et d’influence entre ministères, administrations et professionnels de la santé compliquent la mise en œuvre interministérielle d’une stratégie « One Health ». Malgré des intentions louables, les structures en place, notamment le groupe santé environnement, ont du mal à passer des intentions à l’action.

Certains préconisent même de faire évoluer la législation pour concrétiser « Une seule santé », soulignant que des modifications réglementaires pourraient être nécessaires. Un projet de loi, impliquant neuf codes, a été élaboré en 2021 mais n’a pas encore été examiné par le Parlement.

Une récente proposition de loi présentée par Jean-Carles Grelier invite la France à “inscrire sa réflexion en santé dans un cadre pluriannuel, polyvalent, interdisciplinaire et global“. Le député Renaissance souligne : “Ce retour à la prise en charge globale de la personne passe par la prise en considération de son environnement au sens large (logement, eau, air, conditions de travail…), quand 80 % des maladies infectieuses de l’homme sont d’origine animale ; que le lien entre exposition à la pollution atmosphérique et schizophrénie est médicalement démontré ; que les personnes souffrant d’affection de longue durée (ALD) représentent un tiers des malades et deux tiers de la dépense d’assurance maladie ; qu’un français sur trois aura, au cours de sa vie, à subir un trouble psychiatrique ou un cancer ; que le nombre de diabétiques soignés augmente de 3 à 4 % par an depuis vingt ans pour concerner 5,3 % de la population en 2019, soit 3,5 millions de personnes, dont plus d’un million qui s’ignorent. Et tout cela sans même parler de la part des Français atteints d’obésité qui était déjà de 5,3 % en 1981 et a plus que triplé en 40 ans pour atteindre 17 % en 2023.

Aujourd’hui, pour avancer, les acteurs concernés doivent élargir leur champ de réflexion, apprendre à travailler ensemble et élaborer des solutions. C’est en créant une alliance qu’ils pourront faire évoluer les politiques publiques afin d’assurer au plus grand nombre “un état de complet de bien-être physique, mental et social ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité“, conformément à la définition proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé.

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AleVia • Cabinet de conseil