Pourquoi parler d'intelligence sociétale et stratégique ?
L’analyse d’un écosystème en forte évolution nécessite non seulement d’apprécier les impacts économiques susceptibles de modifier les équilibres existants, mais aussi de décrypter le jeu des acteurs, en croisant les attentes, les valeurs, les pratiques, les comportements, les modes de vie…
Indispensable pour appréhender plus finement l’évolution du secteur de la santé, cette approche holistique conduit à aller au-delà d’une simple démarche d’intelligence économique.
C’est pourquoi nous entendons privilégier le concept d’« intelligence stratégique et sociétale »
Par Nicole Tortello Duban, Fondatrice d’AleVia Conseil
Cette nouvelle approche puise également sa source dans les réflexions concernant la nécessité de faire évoluer le référentiel de l’économie, à savoir la « production de biens et de services marchands ». À l’ère numérique, ce référentiel, issu de l’ère industrielle, s’avère en effet inopérant – voire pernicieux – alors que c’est avant tout le consommateur qui crée de la valeur.
C’est la raison pour laquelle, dans l’attente de l’introduction d’un nouvel axe de valorisation de la richesse, il peut s’avérer stratégique de considérer l’apport – matériel ou immatériel – de l’individu, du citoyen, du patient…
En effet, en tant qu’acteur central des réseaux qui prennent la forme d’entreprises, de plateformes, de filières, de pôles, de clusters, de familles et autres écosystèmes, sa capacité à influer sur les équilibres existants peut s’avérer décisive.
Privilégier le concept d’« intelligence stratégique et sociétale » permet aussi d’observer l’évolution des prises de décision, inspirée des process visant à favoriser l’innovation.
La montée en puissance des approches collaboratives, l’appétence grandissante pour la co-construction de solutions nouvelles et la reconnaissance de la performance collective, conduisent naturellement à mieux considérer l’apport des différentes partie prenantes afin de mieux répondre à leurs attentes.
De fait, le fondement même des politiques publiques tend à évoluer en profondeur, y compris concernant le monde numérique. À cet égard, il est édifiant de constater que c’est à l’appui d’une vision sociétale exigeante (voire intransigeante) que le Commissaire Thierry Breton entend réguler l’accès au marché européen. Cet exemple témoigne du glissement opéré entre une approche à visée purement économique (taxer les GAFAM) et l’ambition de contraindre les géants du Net au respect des lois d’une Union européenne qui s’appuie sur des valeurs fortes.